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Publié par Les Orangeries

Pas facile d'ouvrir le débat sur la réduction du trafic aérien en France.

Cela tient très certainement au fait que l'aéronautique reste, avec le secteur du Luxe, l'un des derniers fleurons de notre industrie,  source d'innovation et de prouesse technologique, de fierté nationale, d'exportation et de juteux contrats commerciaux (Aribus, Raffale...). Ce n'est pas à Poitiers où Safran Electronics & Défense est l'une des pépites industrielle que l'on vous dira le contraire.
Mais c'est aussi lié à la place à part que tient l'aviation dans notre culture et notre histoire récente.  Au début de tout, il y a un rêve, le rêve d'Icare, partagé par tous les hommes depuis la nuit des temps. Puis une accélération folle au XIXème avec l'épopée d'aventuriers, véritables génies de la mécanique, puis celles des pilotes de guerre, les As, héros des deux conflits mondiaux. Ainsi Louis Blériot, Rolland Garros, ou bien sûr Saint-Exupéry... pour ne citer qu'eux, s'inscrivent au panthéon des grands hommes.  L'aviation civile a su entretenir le rêve avec le mythique Concorde au design si sublime (enfant je l'entendais passer le mur du son en route vers New York) ... 

"L'avion ne doit plus faire partie des rêves d'enfant d'aujourd'hui" ... cette phrase sortie spontanément mais en totale cohérence avec l'engagement écologique de la jeune Maire de Poitiers fraichement élue, Léonore Moncond'hui, a créée le tollé en conseil municipal, puis l'emballement médiatique et une émotion nationale en Avril 2021 (voir ci-dessous le reportage de TF1 avec interview de L. Moncond'hui).

Et pourtant!  L'explosion prévue du trafic aérien et l'absence d'une technologie de remplacement disponible à court terme, rend obligatoire ce débat sur la réduction du trafic aérien , comme le réaffirme Isabelle Laplace (Cf interview du Monde). 
Greenpeace, dans  une enquête récente parue le 20 Juillet 2023, confirme ce que nous savons tous et qui parait totalement absurde dans le contexte actuel d'emballement climatique, l'avion est beaucoup moins cher que le train, et pas qu'un peu .... jusqu'à 2.6 fois moins cher en moyenne (cf lien avec article du Monde).

Si l'on ne fait rien, le trafic aérien va exploser. Que celui qui n'a jamais pris un moyen courrier sur l'Europe à moins de 500€ lève la main... Difficile de résister, car c'est vraiment moins cher et beaucoup plus rapide ! D'ailleurs lorsque que l'on pose la question, c'est souvent le sujet qui revient: le sacrifice le plus compliqué de ne plus prendre l'avion.
Face à cette inflation galopante du trafic, le shift project avec Jancovici nous dit qu'on ne devrait pas prendre l'avion plus de 3/4 fois dans une vie.

Parmi les solutions, Greenpeace préconise de redonner son juste prix à l'avion en supprimant les subventions dont il bénéficie, et de supprimer la publicité pour l'avion. On ne parle même pas encore du Coût écologique qu'il a de par ses émissions de CO2.

L'autre levier à actionner urgemment, ne serait-il pas de rendre le train plus accessible sur les destinations court et moyen courrier? Une volonté politique sur ce point semble indispensable pour nous aider à atteindre les accords de Paris, afin de rendre le train plus attractif économiquement, mais également de renforcer les dessertes ferroviaires à grande vitesse. Une étude très détaillée (voir ci dessous) permet de confirmer le très net avantage du train sur l'avion, sur le territoire Français, même en prenant en compte l'impact de nouvelles infrastructure. L'auteur de l'article souligne qu'au-delà des chiffres, la question n’est pas tant de savoir si ces constructions de lignes sont amorties en 10, 20 ou 30 ans, s’il faut doubler ou tripler le réseau à grande vitesse, ou même si le TGV est pertinent partout. la question fondamentale à se poser est de savoir si l'on préfère émettre du CO2 pour des voyages éphèmères en avions ou bien pour construire des infrastructures durable et offrir à nous-mêmes,  et à nos descendants,  une mobilité longue distance sobre en carbone ?"

Le Fly-shame dont on a beaucoup entendu parler en 2018 sous l'impulsion exemplaire de Greta Thunberg, s'affirme comme un acte fort et symbolique à titre individuel, surtout parmi les jeunes générations. C'est une tendance lente mais puissante qui accompagne la prise de conscience de ceux qui ont le soucis du collectif. Le coming out sur ce sujet est de plus en plus fréquent dans les familles (pas plus tard qu'en Juin dernier en ce qui me concerne, notre fils cadet nous annoncé qu'il n'irait pas voir son frère en Corée car il ne veut plus prendre l'avion ... je suis si fière de lui !)

On constate également un changement de paradigme du tourisme d'affaire. On peut imaginer que l'on ne reviendra jamais aux niveaux d'avant COVID. La crise sanitaire et la black out mondial ont en effet joué un rôle majeur et définitif d'accélérateur pour le télétravail et les téléconférences. A la sortie du covid, la recherche de performance et de bien-être au travail, dopés par la crise mondiale du recrutement, ont définitivement inscrit dans les pratiques professionnelles le télétravail et la téléconférence.
De plus, l'impact de l'aviation va être de plus en plus pris en compte dans les bilans carbone des entreprises, et en particulier des grands groupes qui doivent rendre des comptes. Aujourd'hui, la décision de participer à distance, de ne pas se déplacer, est très bien acceptée, voire même valorisé.

Il y a également un nouvel acteur dans le débat, les territoires qui ont la main sur le tourisme, et qui entendent bien l'intégrer à leur stratégie carbone. Ainsi la région Nouvelle Aquitaine intègre-t'elle dans son nouveau  Calculateur carbone du tourisme, les déplacements des passagers, et la possibilité de faire varier ses clients cible ainsi que les impacts économiques que cela entraine. Derrière cet outil, on retrouve l'ambition de la feuille de route NEO TERRA d'aller vers une économie et un tourisme plus durable, ce qui implique surement moins d'étrangers venant de l'autre bout du monde en avions au profit d'européens arrivant en train ou meme de francais venant des territoires voisins en train !

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